L'ouverture du centre marocain d'écoute et de soutien pour les femmes victimes de violence

9.503. C'est le nombre d’actes d’agressions sur les femmes déclarés entre octobre 2008 et septembre 2009 selon les chiffres officiels du ministère du développement social. La violence à l'égard des femmes, surtout dans le domaine conjugal persiste. A défaut d'une loi pour les protéger et pénaliser ces actes, les centres d'écoute et de soutien se multiplient.

Inauguration par le roi Mohammed VI, d'un centre d'écoute et de soutien aux femmes victimes de violence, le 1er septembre 2010 à Casablanca./Map

Ce mercedi, le roi Mohammed VI a inauguré à Casablanca, un centre d'écoute et de soutien des femmes victimes de violence ainsi qu'une bibliothèque, réalisés pour un investissement global de près de 6 millions de Dh, dans le cadre de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH).

Des centres de ce genre, il en existe actuellement des dizaines à travers tout le pays. Ce projet à fort impact social témoigne de l'attention particulière que certains accordent aux questions de la femme, ce qui devrait être une préoccupation majeure pour tout Marocain. Car grâce à la création de ces centres, les femmes victimes de violences trouvent un espace adapté pour être écoutées, orientées et conseillées.

Un espace qui permet au tissu associatif ainsi qu'aux autorités compétentes, de mesurer l'ampleur des dégâts. Impossible de dire sur une échelle de 10 ans, si ces violences ont connu une recrudescence mais une chose est sûre, c'est que de plus en plus de femmes s'adressent à ces centres.

“L'accroissement du nombre de femmes qui s'adressent au centre signifie que les femmes ont pris conscience de l'existence d'institutions alternatives, en dehors de la famille et des proches qui peuvent les écouter, les orienter, les conseiller et leur apporter réconfort et soutien psychique et juridique.”

Nezha Alaoui, directrice du centre Annajda d'aide aux femmes et aux enfants victimes de la violence dans un entretien accordé à la Map

D'après les statistiques du ministère du Développement social, le nombre d’actes d’agressions déclarées entre octobre 2008 et septembre 2009 est de 29.503 dont 80% relèvent du domaine conjugal. Mais selon l'avis de plusieurs militants associatifs, ces données sont loin de refléter la réalité car elles ne concernent que les cas signalés. D'où la nécessité d'adopter dans les plus brefs délais, une loi sur la violence conjugale.

Depuis l'an dernier, le département du développement social finalise un projet de loi particulièrement axé sur la violence conjugale, destiné à protéger les femme mais aussi, à pénaliser la violence à leur égard.

“Afin de consacrer une nouvelle culture du code de la famille, mon département a élaboré une étude sur l'impact de la Moudawana sur la société dont les résultats seront publiés à l'avenir; il est temps que nous inculquions la culture de l'égalité entre les deux sexes et celle de la lutte contre la violence à l'égard des femmes”, plaidait dans ce sens Nouzha Skalli, ministre du département en charge de ce dossier.

A juste titre d'ailleurs car les inégalités persistantes entre les sexes et les violences contre les femmes constituent des freins à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement dont l'autonomisation des femmes.


Ana Lopes